I. Un climat toulousain en mutation rapide
Les données relevées depuis plus de 60 ans par Météo-France et analysées dans le cadre de l’étude confirment une évolution nette du climat local.
Un réchauffement déjà bien engagé
À Toulouse, la température moyenne augmente depuis plusieurs décennies, avec un réchauffement plus marqué durant la saison estivale. Les projections climatiques envisagent une hausse de + 2,3 °C d’ici 2050 et jusqu’à + 4 °C à horizon 2100 par rapport à la période de référence 1976-2005.
Cette tendance se traduit par une multiplication des jours très chauds : de 2 jours par an en moyenne dans les années 1980, on passerait à une vingtaine de jours dépassant 35 °C d’ici la fin du siècle. Les vagues de chaleur devraient également devenir plus fréquentes, plus longues et plus intenses.
Ce qui existe déjà
Ticket planète :
Le ticket Planète est disponible à la vente et utilisable une fois l’alerte pollution niveau 2 ou l’alerte rouge canicule sont déclenchée par les autorités.
Des pluies plus intenses
Si les cumuls annuels de précipitations ne montrent pas de rupture claire, les épisodes pluvieux extrêmes, eux, pourraient gagner en violence et en soudaineté. Les phénomènes de ruissellement urbain, déjà observés ponctuellement, pourraient donc devenir plus fréquents et plus difficiles à gérer.
Une sécheresse plus marquée, un gel moins fréquent
La sécheresse estivale progresse, sous l’effet combiné d'une évaporation accrue due aux températures plus hautes et de cumuls de précipitations stables. Le risque de feux de végétation augmente également. À l’inverse, les épisodes de gel sont en forte baisse, un élément qui modifie aussi les contraintes de maintenance et d’exploitation.
II. Des impacts concrets déjà visibles sur le réseau Tisséo
Le changement climatique se manifeste déjà dans le fonctionnement quotidien des transports toulousains.
Bus
Les fortes chaleurs affectent les performances du parc roulant :
- Les bus thermiques voient leur rendement diminuer, notamment lorsque la climatisation fonctionne à plein régime.
- Les bus électriques subissent une baisse d’autonomie et des contraintes sur les infrastructures de recharge.
- Les chaussées peuvent ramollir, entraînant l’apparition d’ornières susceptibles d’impacter la qualité de roulement.
À cela s’ajoutent des conditions de travail plus difficiles pour les conductrices et conducteurs, malgré les dispositifs de climatisation embarqués.
Tramway
Les épisodes de chaleur extrême favorisent la dilatation de la ligne aérienne de contact et mettent à l’épreuve certains rails, notamment au niveau des ouvrages d’art.
Les épisodes pluvieux intenses entraînent quant à eux des situations d’inondation récurrentes, comme dans le tunnel boulevard Déodat de Séverac en 2016 et 2024.
Le tunnel est inondé • © F. Valéry / France 3
Certaines sous-stations électriques ont également été touchées par des entrées d’eau, même si cela n’a pas, jusqu’à présent, interrompu la circulation.
Métro
Le métro est particulièrement sensible à deux phénomènes :
- La surchauffe des locaux techniques, observée notamment lors de l’été 2023, qui peut affecter des équipements critiques.
- L’élévation progressive de la température dans les tunnels, qui renforce la tension sur les systèmes de ventilation.
Lors d’épisodes de pluie intense, certaines stations peuvent être partiellement ou totalement inondées. Des incidents ont déjà été recensés, notamment à la station Bagatelle en 2013, où deux rames étaient entrées en collision à faible vitesse en raison d’une perte d’adhérence causée par la grêle.
Des impacts transversaux sur la sûreté et la fiabilité du réseau
Les hausses de température accélèrent le vieillissement de composants électroniques, fragilisent les équipements informatiques, augmentent les risques d’incendie et perturbent parfois les communications radio.
Les agents comme les voyageurs subissent également les effets des fortes chaleurs, avec des risques de malaise ou d’inconfort importants.
Ce qui existe déjà
Toulouse + fraîche :
Depuis 3 ans, pour atténuer les effets de la canicule sur ses usagers, Tisséo active son Plan Fraîcheur. Au programme : brigades mobiles, lieux climatisés et conseils pratiques pour faire face à la chaleur dans les couloirs du métro.
III. Un triple enjeu : économique, social et opérationnel
La vulnérabilité climatique de Tisséo se traduit par trois grands types d’enjeux :
IV. Des actions concrètes
Pour s’adapter
La Végétalisation et désimperméabilisation du patrimoine
Tisséo a engagé une démarche visant à renforcer la végétalisation et à réduire l’imperméabilisation de ses sites, qu’ils soient exploités (métro, bus, tramway) ou non*. Dix-neuf sites ont été retenus et ont fait l’objet d’un diagnostic complet portant sur l’état de la végétation, les usages, les circulations et les bâtiments.
L’intérêt est double au regard de l’enjeu d’adaptation au changement climatique : apporter de la fraîcheur grâce aux végétaux et réduire les risques de ruissellement en permettant à l’eau de s’infiltrer dans les sols.
La prochaine phase consiste à définir, pour chaque site, les possibilités d’augmenter significativement la présence du végétal et de diminuer les surfaces imperméabilisées. Un bureau d’études spécialisé proposera d’ici fin 2025–début 2026 plusieurs scénarios d’aménagement, intégrant les contraintes réglementaires, la compatibilité avec les infrastructures, les cycles naturels et les coûts d’entretien.
L’objectif est d’aboutir fin 2026 à un schéma directeur opérationnel, assorti d’un calendrier et d’un budget.
Pour réduire
Développement du photovoltaïque
Tisséo poursuit sa stratégie de transition énergétique en déployant des installations photovoltaïques sur son patrimoine. Plusieurs opérations sont en cours :
- Installation d’ombrières solaires sur le parking relais Oncopole–Lise Enjalbert pour une mise en service à l’été 2026.
- Déploiement au second semestre 2026, de panneaux en autoconsommation sur les parkings du personnel des sites de Mesplé, Basso Cambo et Garossos ;
- Étude du raccordement de centrales photovoltaïques vers les postes d’alimentation electrique de trois sites du métro, avec un rendu au second semestre 2026.
La ligne C fait également l’objet d’une étude de déploiement de centrale photovoltaique dont la pièce la plus importante concernera le Garage Atelier de Daturas.
À terme, Tisséo prévoit de couvrir jusqu’à 10 % de ses besoins énergétiques grâce à l’autoconsommation.
Pour mesurer
Tisséo Collectivités a engagé en juillet 2024 l’élaboration de son bilan carbone, en articulation étroite avec celui de Tisséo Voyageurs.
Ce bilan permettra d’identifier les principaux postes d’émissions liés au patrimoine de Tisséo Collectivités, à l’exploitation du réseau, aux activités administratives et aux services VélÔ’Toulouse et Mobibus. Il constituera un outil essentiel pour orienter les décisions et renforcer la stratégie environnementale de l’organisation.
La démarche poursuit trois objectifs complémentaires :
- Mieux connaître les émissions produites, leurs sources principales et le coût climatique des infrastructures ;
- Agir, en élaborant un plan d’actions visant à réduire l’empreinte carbone de l’organisation ;
- Communiquer, en valorisant l’engagement de Tisséo, en sensibilisant les agents, en apportant des garanties aux financeurs et en renforçant l’attractivité de la structure.
Construire un réseau résilient pour les mobilités de demain
Tisséo s’inscrit ainsi dans une dynamique pour anticiper aujourd’hui les conditions climatiques de demain et assurer, en toutes circonstances, la continuité et la performance du service public de transport.
*De nombreuse parcelles mitoyennes des infrastructures de transport appartiennent à Tisséo
Sources
Evolution passée du climat : Climat HD, Météo France
Projections climatiques
- Simulations DRIAS les futurs du climat, Météo France
- Moyenne des résultats des mailles géographiques de simulation couvrant le périmètre de Tisséo
NB : les risques pour Téléo et le service VélôToulouse n’ont pas été évalués dans ce premier temps d’étude.