A LA UNE

La marche à pied, au cœur de la stratégie de mobilité de l’agglomération toulousaine

La marche est un mode de déplacement simple, universel et bon pour la santé.
Grâce aux données récentes, en particulier celles fournies par l'Enquête Ménages certifiée Cerema (Emc2) , nous pouvons mieux comprendre les besoins des piétons et agir pour en faire des acteurs clés de la mobilité durable.

Publié le

Chiffres clés 

  • 4,6 millions de déplacements réalisés chaque jour par les habitants du bassin de vie toulousain dont 1,2 million de déplacements à pied (26%)
  • La marche à pied est le deuxième mode de déplacement derrière la voiture.
  • +30% d’évolution depuis 2013. La marche à pied est le mode de déplacement qui s’est le plus développé en dix ans
  • 76 % des déplacements de moins d’1 km se font à pied (+9 % par rapport à 2023).

Qui marche ? Quand ? Où ? Pourquoi ?

La marche est omniprésente, mais son intensité varie. Les scolaires et étudiants l’utilisent beaucoup pour se rendre en cours. Les actifs, surtout en centre-ville, combinent souvent marche et transports en commun. Les retraités privilégient la marche pour leurs courses de proximité et activités de loisirs.
Le lieu de résidence est déterminant : à Toulouse, la densité urbaine rend la marche pratique et rapide. En périphérie, hors secteurs urbains où la densité de services et d'équipements est importante, les distances plus longues et les ruptures d’itinéraires découragent sa pratique.
Pourquoi marcher ? Les motivations sont multiples : praticité, rapidité sur les courtes distances, économie de coûts, mais aussi bénéfices pour la santé et l’environnement. Les habitants qualifient la marche de « sportive », « saine », « agréable » et « écologique ».

Pour décongestionner son métro, Transport for London a développé une action « Tub and Walk » faisant prendre conscience aux gens qu’il est plus facile, plus rapide, plus agréable de marcher que de prendre le métro pour quelques stations. Sur le plan de métro, tous les trajets piétons possibles de station à station – notamment en traversant en diagonale tel ou tel parc – sont indiqués, avec leur temps de trajet. 


Sonia Lavadinho, anthropologue et géographe urbaine.

La place de la marche dans les trajets domicile-travail


La marche à pied occupe une place significative dans les trajets domicile-travail de l’agglomération toulousaine. Si la voiture reste le mode dominant pour se rendre au travail, la marche représente une part importante des trajets courts et intervient surtout en complément des transports en commun : trois quarts des usagers Tisséo rejoignent leur arrêt de bus, tram ou métro à pied.
Dans le centre de Toulouse, où la densité urbaine et l’offre de transports collectifs sont fortes, les actifs choisissent plus volontiers la marche pour leurs déplacements quotidiens, tandis que dans les couronnes périphériques, les distances plus longues réduisent cette pratique. 
 

 

Pour encourager son usage dans le monde professsionel, Tisséo accompagne les entreprises via les Plans de Mobilité Employeur (PDME) : ateliers de marchabilité, diagnostics d’accessibilité et préconisations d’aménagements. Ces démarches visent à sécuriser et améliorer le confort des cheminements piétons, mais aussi à valoriser la marche comme un mode économique et bénéfique pour la santé sur les trajets domicile-travail.
Au-delà de l’accompagnement des employeurs, Tisséo coordonne également le Schéma Directeur Piétons d’Agglomération (SDPA). 


Schéma Directeur Piétons d’Agglomération, un outil partagé à l’échelle du territoire

Cette démarche inédite à l’échelle du territoire toulousain vise à replacer la marche comme un mode de déplacement à part entière, et non plus comme une variable d’ajustement dans l’aménagement des espaces publics. 
Son objectif est double : proposer une vision commune pour instaurer une véritable culture piétonne sur l’ensemble de l’agglomération, et offrir aux communes un cadre méthodologique pour développer leurs propres plans piétons. 
Le SDPA repose sur 10 recommandations principales, illustrées par des exemples variés. 

Promouvoir la marche par des événements : comme lors de l’« Opéra Urbain » (2018 et 2024), où un centre-ville entièrement piéton a été aménagé le temps d’un spectacle, associant transports en commun renforcés et stationnement cycles.

Encourager la marche à l’école : déjà 15 rues scolaires sont actives à Toulouse Métropole. Elles interdisent la circulation automobile devant les écoles, sécurisent les enfants et favorisent leur autonomie.

Accompagner les entreprises : en 2024, Tisséo a réalisé 9 études d’accessibilité piétonne pour des employeurs comme ATOS, la Clinique Pasteur ou la Mairie de Colomiers. Ces diagnostics permettent de mesurer le temps de marche entre un arrêt de transport et un site, et de proposer des améliorations.

Développer des outils numériques : l’application « Parlons Travaux » informe les habitants des chantiers en temps réel et propose des itinéraires piétons de contournement.

Améliorer la lisibilité des parcours : plus de 298 mâts de jalonnement sont installés à Toulouse, soit près de 1 800 panneaux directionnels. Dans le réseau « Balade et nature », ce sont 1 090 mâts et 11 860 panneaux qui guident les promeneurs sur 375 km de sentiers.

Renforcer l'expertise et les pratiques : diffusion de la charte prescriptions techniques d'accessibilité ou du guide des aménagements cyclables pour une meilleure prise en compte des conflits piétons-cycles. 

Requalifier des espaces emblématiques : la rue de Metz, inaugurée en juin 2025, est désormais apaisée, végétalisée et dédiée en priorité aux piétons et cyclistes. Elle relie et met en valeur des monuments tels que le musée des Augustins et la cathédrale Saint-Étienne.

Ces actions ne relèvent pas seulement d’un embellissement urbain : elles traduisent une transformation profonde de l’espace public, où la marche devient un fil conducteur de la qualité de vie.
En coordonnant ce schéma, Tisséo joue un rôle fédérateur : il aide les collectivités à identifier les priorités, à expérimenter des solutions et à bâtir, à terme, un réseau piéton cohérent et attractif au service de la santé, du climat et de la qualité de vie des habitants.
Contrairement à un document réglementaire, il ne crée pas de nouvelles obligations mais propose une vision commune. Il cherche à installer une véritable « culture piétonne », en complétant les efforts déjà engagés pour rendre les déplacements accessibles à tous.
Le document a été co-construit avec l’ensemble des collectivités du territoire : Toulouse Métropole, le Conseil Départemental de la Haute-Garonne, La Région Occitanie, le Muretain Agglo, le Sicoval, la Communauté de communes des Coteaux Bellevue et celle du Grand Ouest Toulousain. 

Au-delà des collectivités, de nombreux acteurs associatifs, économiques et scientifiques participent au pilotage du SDPA, garantissant une pluralité de regards.
 

Ensemble, et assisté par des experts comme l'AUAT (agende d'urbanisme de Toulouse), le CEREMA et l'APUMP (Association des professionnels de l’urbanisme), ces acteurs ont produit un guide de bonnes pratiques. Accessible en ligne, ce guide propose aux communes des leviers concrets pour améliorer la « marchabilité » de leur territoire : diagnostics, actions d’aménagement, outils de communication et sensibilisation du grand public.

Le saviez-vous ?
Les piétons et cyclistes sont d’excellents consommateurs : ils dépensent plus souvent dans les commerces de proximité que les automobilistes. Favoriser la marche, c’est aussi soutenir la vitalité économique des centres-villes.

Les politiques publiques en faveur de la marche


Longtemps marginalisée dans les politiques de mobilité, la marche bénéficie aujourd’hui d’une reconnaissance croissante comme mode de déplacement à part entière. Dans la grande agglomération toulousaine, elle est désormais intégrée aux principaux outils de planification : le SCOT prescrit l’inscription des cheminements piétons dans les documents d’urbanisme, le Plan de Mobilité impose un volet dédié à la continuité et à la sécurisation des itinéraires, tandis que les PLUi peuvent créer ou préserver des liaisons piétonnes et réduire les coupures urbaines, le PAVE (Plan de mise en accessibilité de la voirie et des espaces publics) diagnostique des cheminements et aménagements pour les personnes à mobilité réduite. La Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) renforce ces obligations, en plaçant piétons et cyclistes au cœur des mobilités quotidiennes.


Conclusion
Tisséo et les collectivités ont désormais des outils pour apaiser la circulation, améliorer le confort des cheminements, rendre les parcours lisibles et promouvoir la marche comme un mode d’avenir. À travers le Schéma Directeur Piétons, l’agglomération toulousaine s’engage à changer de regard : marcher n’est pas une perte de temps, c’est un investissement collectif pour la santé, l’environnement et la convivialité urbaine.
En proposant une « culture piétonne » commune, les collectivités entendent bâtir un territoire plus sûr, plus respirable et plus humain. Demain, grâce à ces aménagements et initiatives, marcher ne sera plus seulement une contrainte ou une alternative : ce sera une évidence, une habitude partagée, et un plaisir quotidien.
 

Une technologie unique